Une œuvre sur une société en perte d’humanité

Antoine, 23 ans, travaille dans un fast-food et rêve d’économiser assez d’argent pour aller à Patong, en Thaïlande. Ses seuls moments de respiration ont lieu quand il accompagne son ami Jérémy sur le toit de la Grande Tour pour regarder la ville et le monde sous un autre angle. Las de son travail en intérim, il accepte une offre de La Plateforme pour devenir chauffeur à son compte. Mais le job qui lui promettait liberté et indépendance se révèle plus toxique qu’il n’y paraissait.

Une vision sombre et réaliste du marché du travail

Fourmi(s) est une pièce de théâtre sur le monde du travail et la recherche de sens. Jérémy et Antoine questionnent leur avenir, leurs perspectives malgré des diplômes en poche. Certaines scènes jouent avec le comique de répétition pour mieux mettre en évidence l’aliénation des personnages, pris au piège d’un travail qui leur demande toujours plus en leur offrant toujours moins. Injonction à l’ultra-disponibilité, course à la rentabilité, culpabilisation des employés, tout y passe. L’ironie est même poussée à l’extrême lorsque La Plateforme rogne sur les coûts, augmente sa commission et finit par virer les chauffeurs humains pour les remplacer par des voitures autonomes. Cette vision sombre et réaliste du marché du travail est heureusement allégée par l’espoir apporté par les montées de la Grande Tour, pour prendre de la hauteur et apercevoir les horizons possibles. Une œuvre courte et efficace sur une société en perte d’humanité et qui a désespérément besoin de rêves à réaliser.