La tranche de vie du benjamin de la famille

Riquet, le narrateur, vit ses premières années avec sa famille dans une caserne de la région de Grenoble. Au sein du foyer, l’ambiance est pesante, entre le père gendarme, machiste et autoritaire, et la mère, une femme au foyer aimante et pieuse. Le récit évoque leur quotidien et aussi quelques moments marquants pour le protagoniste, petit dernier de la fratrie : entrée à l’école, vacances en famille, épisodes avec son père, divorce, etc.

Une autobiographie centrée sur la relation père/fils

Ce premier tome d’une trilogie s’inspire de souvenirs de l’auteur. La parenté apparaît tout de suite comme évidente, mais l’album parvient à affirmer son originalité, notamment par son inventivité graphique : dans un décor vert monochrome, le narrateur bébé est au début entouré de personnages aux visages flous et aux propos inintelligibles. En grandissant, il perçoit peu à peu les contours et accède au sens des paroles. La représentation du père s’avère particulièrement intéressante, sa tête étant remplacée par un dé aux facettes et expressions diverses, qui va se dévoiler au fur et à mesure. Comme le suggère le titre, la relation père/fils se trouve en effet au centre de l’histoire et se caractérise par une certaine complexité, l’enfant oscillant entre crainte et fascination pour l’adulte. Le lecteur passe lui aussi par différentes émotions, de l’empathie pour Riquet, qui souffre d’angoisse et de tics au visage, à la colère envers le père ou au rire. Une réussite, dont on a hâte de lire la suite !