Le procès de Bobigny, combat pour l’avortement

En 1972, Marie-Claire Chevalier, enceinte après un viol, décide d’interrompre sa grossesse avec l’aide de sa mère. Dénoncée pour avortement par le violeur qui cherche à se disculper d’autres méfaits, la jeune femme, mineure, comparait devant la justice avec les femmes qui l’ont aidée. C’est l’avocate Gisèle
Halimi, engagée pour la cause des femmes, qui mènera une plaidoirie restée célèbre, appuyée par des militantes, artistes et personnalités politiques. Ce procès du tribunal de Bobigny amorce le débat jusqu’à
la promulgation de la Loi Veil en 1975.

Marie-Claire, une icône au cœur du combat

Avec un texte concis, la scénariste réussit à camper la victime devenue une icône, la fiction restant très proche de l’histoire réelle. Les illustrations en tonalités ocre, gris bleu, le cadrage classique et le dessin réaliste rappellent le graphisme des années 1970. Le scénario bien mené, dramatique sans pathos,
se focalise sur le cas de Marie-Claire en le replaçant dans les luttes féministes pour la légalisation de la contraception et de l’avortement. En pleine page, la tribune de Françoise Giroud avec un fac-similé de l’Express alerte sur la détresse sociale des femmes. La préface de Simone de Beauvoir appelle à la vigilance : les droits des femmes ne sont jamais acquis. Il aurait été opportun pour les adolescents de rajouter un cahier documentaire, mentionnant notamment Simone Veil et son combat à l’Assemblée
nationale. C’est un ouvrage très accessible et salutaire pour rappeler à chaque adolescente la liberté de disposer de son corps.