Un manifeste qui pousse le lecteur à interroger ses pratiques

Dans un manifeste engagé, Élodie-Aude Arnolin, autrice et blogueuse littéraire connue sous le nom de La Booktillaise, dénonce une réalité l’affectant particulièrement en tant que lectrice non-blanche : le manque de représentation en littérature des personnages de couleur et autres communautés marginalisées. En se fondant sur son expérience de femme noire et ses ressentis face à certaines situations, l’autrice montre que les éditeurs ont une responsabilité indéniable dans leurs choix de publication. En effet, le manque de représentation influe sur l’image que le lecteur se construit de lui-même pour trouver sa place dans la société. Pour la promotion des ouvrages ainsi que dans leur processus de création, il est essentiel de savoir de quoi on parle. Une personne non noire qui écrirait sur des expériences de racisme vues de l’intérieur doit savoir faire preuve d’empathie et mener un travail de recherche. La présence de « lecteurs sensibles », (sensitive readers) chargés de vérifier qu’aucune parole blessante et stigmatisante ne se cache dans le livre, est, pour l’autrice, essentiel. Toute littérature est politique et doit pouvoir nous aider à élargir notre compréhension du monde.

L’explication didactique d’un parti pris tranché

Faut-il dire que seules les personnes concernées peuvent écrire sur un sujet ? Le débat est ouvert. L’autrice assume ses positions tranchées et les revendique. On peut ne pas être d’accord, mais il faut reconnaître qu’elle a à cœur d’expliquer de façon didactique son point de vue et sa démarche paraît sincère. Cet essai pourra amener des professionnels du livre à s’interroger sur leurs propres pratiques et à se décentrer.