Une biographie qui adopte un point de vue original

Né à Atlanta, dans le sud des États-Unis où la ségrégation raciale sévit encore, Martin Luther King éprouve très tôt le sentiment d’injustice, même s’il vit dans un milieu privilégié auprès d’une famille aimante. Il souhaite d’abord devenir avocat, mais se rend compte que le métier de son père – pasteur baptiste – est ce qui lui permettra de mener la lutte pour le droit des Noirs avec le plus d’efficacité. Universitaire très doué (il multiplie les diplômes jusqu’au doctorat), orateur charismatique, il sait très tôt mobiliser les foules et met toute son énergie à organiser marches et boycotts. Malheureusement il suscite autant d’admirateurs que de détracteurs et meurt brutalement à 39 ans sous les balles d’un fanatique, après avoir obtenu le prix Nobel de la Paix.

Une lecture instructive et agréable

Si cette biographie suit strictement la chronologie des faits, elle adopte un point de vue original : le narrateur n’est nul autre que Malcolm X, frère de lutte de King, et il s’adresse directement à lui dans un récit entièrement écrit à la 2^e personne du singulier. Loin d’être artificielle, cette stratégie narrative permet d’incarner deux démarches militantes : la lutte armée et le nationalisme noir s’opposent à la non-violence et au pacifisme inspirés de Gandhi et Tolstoï. Le roman est très précisément documenté (les références sont nombreuses et pointues). Il retrace parfaitement le contexte de cette Amérique qui, si elle a officiellement mis fin à l’esclavage, continue d’imposer des divisions au sein de la société, en prônant la fameuse loi Jim Crow « Séparés mais égaux ». Une lecture très instructive, avec un style agréable, sur un personnage incontournable du XX^e siècle.