Le parcours d’un mineur isolé au-delà des frontières

Moheeb est un jeune Afghan qui a fui son pays. Il est mineur et attend d’être reconnu comme tel par les autorités belges et d’avoir des papiers en règle pour enfin commencer sa nouvelle vie en Europe. En attendant, il vit désœuvré sur le parking d’une petite ville, passant ses journées à fumer, taper dans une balle et observer les passants autour de lui. Il est entouré de deux ados Afghans comme lui et aidé par les membres d’une association de soutien aux réfugiés. Il a lié amitié avec un garçon et, lorsque celui-ci fugue, il se rapproche de sa mère.

Les vicissitudes d’une vie sans papiers

Ce roman graphique nous montre avec subtilité la vie des mineurs isolés. Plus que les difficultés matérielles, ce sont les fragilités psychologiques qui sont explorées. Moheeb a du mal à parler de ce qu’il ressent. La solitude, la culpabilité et les traumatismes qu’il a traversés pèsent sur son équilibre mental. L’autrice a choisi de montrer son personnage dans un huis clos : le parking. Cette focalisation sur ce lieu unique évoque l’enfermement des réfugiés dont l’horizon est restreint à un bout de bitume qui peut s’avérer dangereux. Autour Moheeb gravitent plusieurs personnages : les bénévoles du réseau d’accueil, dévoués malgré leurs faibles moyens, ou encore des adultes qui croisent la route des migrants et avec qui peuvent se développer des relations ambigües. L’histoire est touchante, jouant sur les non-dits et centrée sur l’analyse psychologique plus que sur une prise de position politique, mais la lenteur du récit pourra rebuter certains lecteurs.