Les adolescents et leurs pratiques de l’écriture au XXIe siècle : quels pouvoirs de l’écriture ?

Pourquoi l’enquête ?

A une époque où l’on peut passer de victime à icone en quelques dizaines de caractères sur les réseaux sociaux, où l’on peut tour à tour façonner et brûler des idoles en quelques lignes, où diatribes, slogans, témoignages postés, galvanisent ou indignent les fils de discussions, on s’interroge : que savons-nous des pratiques d’écriture des adolescents ? Qui sont ces adolescents ou ces jeunes adultes qui écrivent sur les réseaux sociaux, qui influencent ? Comment écrivent-ils, quels sont leurs codes, quelles sont leurs motivations ? Quels sont les mécanismes à l’œuvre de cette nouvelle forme de prise de pouvoir numérique par les mots ?

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« Ils passent leur temps sur les écrans » ! La déploration assimile implicitement cette activité des adolescents à la seule réception passive et essentiellement à celle d’images. Selon ce discours convenu, les adolescents ne fréquenteraient donc plus l’écrit hors de l’école : plus de lecture et à plus forte raison plus d’écriture. Pourtant des enquêtes récentes sur les activités culturelles des jeunes montrent déjà qu’une partie de cette activité sur écran est au contraire dédié à la lecture d’écrits divers mis en ligne (de Twitter, Snapchat, Instagram aux fanfictions par exemple…).

Compte tenu de ce véritable changement de régime scriptural, une investigation sérieuse des pratiques des adolescents dans ce domaine s’impose.

Quelles questions ?

L’enquête vise à fournir une représentation plus objective des pratiques de l’écriture réelle des adolescents, dans leur diversité générique et quels que soient les supports (papier /numérique).

Un tel objectif suppose de ne pas retenir seulement les pratiques au sein desquelles la lecture ou l’écriture sont vécues et désignées comme centrales, visibles, explicites (écrire un poème, un journal intime…) mais intégrer nombre d’autres pratiques : écrire une liste, écrire quand on chat, quand on publie un post sur Twitter, etc… L’enquête intègrera donc l’ensemble des pratiques rédactionnelles depuis celles qui sont étroitement fonctionnelles jusqu’à celles qui s’apparentent à des pratiques créatives (écriture poétique, fictionnelle, etc.).

Pourquoi l’Observatoire de la lecture des adolescents de Lecture Jeunesse ?

Cette enquête se place dans la lignée des travaux de l’Observatoire et au cœur de sa vocation : documenter les pratiques culturelles des jeunes pour mieux répondre aux besoins des acteurs de terrain et pour éclairer les décideurs. Or, si les actions pour faire écrire les jeunes existent, manquent en revanche les données sur les pratiques réelles des adolescents, leurs besoins et leurs appétences, pour mesurer l’impact des projets conduits. L’Observatoire lance donc cette grande enquête nationale inédite pour faire un état des lieux des pratiques et donner des repères à tous, professionnels, bénévoles et décideurs.

Quel type d’enquête ?

Cette enquête se centrera sur des adolescents entre 15 et 18 ans, correspondant globalement à la période de scolarisation au lycée, qu’il s’agisse de lycées professionnels ou généraux. Nous interrogerons des adolescents partout en France (zones rurales, urbaines, et semi-urbaines) en plaçant la dimension sociale au cœur de nos questionnements.

Elle se découpera en 3 volets : un premier, qualitatif et quantitatif, complété par un deuxième volet qui analyse une part de la production écrite des jeunes.

Au sein du volet 1 de l’enquête, les pratiques d’écriture des adolescents seront collectées par des questionnaires auprès des jeunes (quantitatif représentatif) et à travers des entretiens avec les adolescents (entretiens qualitatifs).

Le volet 2 de l’enquête reposera sur l’observation des écrits des jeunes et des entretiens d’explicitation avec leurs auteurs. Ce second volet supposera une restriction de l’objet analysé : un genre d’écrit sera retenu et approfondi, notamment les posts sur internet (Twitter…).