Pourquoi l’étude ?
Malgré une meilleure ouverture des filières scientifiques aux filles, celles-ci y restent peu nombreuses, surtout en mathématiques, physique et sciences du numérique. Ce manque de diversité ne contrevient pas seulement au principe de parité mais constitue un enjeu important pour la société. Or plusieurs études récentes montrent que les stéréotypes influencent encore l’orientation des filles dès l’enfance et les détournent des voies scientifiques. Une enquête conduite par Clémence Perronnet pour Lecture Jeunesse (« Filles, sciences et culture : L’influence des objets et des pratiques culturelles sur l’orientation des filles dans des filières scientifiques ») a déjà examiné comment les objets culturels influencent les choix des filles vers les sciences. Connaissant l’influence de ces objets culturels, et nous recentrant sur le livre, ce rapport explore les pratiques existantes de médiation scientifique qui mobilisent le livre et la lecture, en tenant compte de l’enjeu de genre. Comment ces démarches peuvent-elles encourager l’intérêt des adolescentes pour les sciences ? Quels exemples de dispositifs peuvent être adaptés pour stimuler leur curiosité et leur engagement ? Comment les médiateurs peuvent-ils intégrer ces pratiques dans leurs actions pour lutter contre les stéréotypes et encourager une participation accrue des filles dans les STIM ?
Pourquoi l’Observatoire de la lecture et de l’écriture des adolescents de Lecture Jeunesse ?
Cette étude se place dans la lignée des travaux de l’Observatoire de la lecture des adolescents : depuis son lancement en 2017, celui-ci a notamment porté son attention sur les pratiques de lecture des jeunes concernant des sujets scientifiques, sur l’incidence des différents types et genres de lecture dans la construction d’une démarche critique et/ou scientifique. Cela fait donc plus de 8 ans que l’Observatoire file cette thématique à travers ses colloques, ses publications et plusieurs enquêtes, en s’efforçant de fournir aux médiateurs de la lecture une information éclairée sur une problématique très actuelle et des conclusions concrètes qui leur permettent de repenser leurs choix de corpus choisis lorsqu’ils conçoivent leurs dispositifs. La présente étude s’inscrit donc dans une démarche d’une grande cohérence. En repartant de certains résultats de l’enquête menée par Clémence Perronnet pour Lecture Jeunesse, qui s’intéressait plus globalement au rôle des objets culturels, toutes catégories confondues, dans l’orientation des filles vers les filières scientifiques, nous nous focaliserons ici sur les rôles que les livres et la lecture peuvent jouer dans les initiatives de médiation scientifique.
Quel type d’étude ?
Ce rapport se veut un outil de sensibilisation et d’inspiration pour les médiateurs en présentant plusieurs approches du livre et de la problématique genrée dans le cadre de médiations scientifiques. Il ne prétend pas être exhaustif, mais rassemble un échantillon d’initiatives identifiées grâce à des recherches documentaires et des échanges avec des acteurs et actrices de la médiation scientifique. Les initiatives retenues ont été sélectionnées pour leur usage du livre et de la lecture, selon une conception élargie de la lecture, incluant une diversité de genres et de supports (journaux, ressources en ligne, etc.), afin de montrer des manières de faire variées.
Une recherche documentaire a d’abord été menée pour identifier une dizaine de projets de médiation. Des entretiens d’une heure ont ensuite été réalisés avec la majorité des structures qui les portaient et selon plusieurs objectifs : comprendre les modalités concrètes d’organisation des projets, cerner la place du livre et de la lecture au sein dans les dispositifs (types de support de lecture utilisés, moments dédiés à la lecture, etc.), identifier les facteurs favorisant l’engagement des adolescents et adolescentes, et comprendre la manière dont la problématique genrée est prise en compte au sein du dispositif de médiation.
