Racisme et immigration dans un récit autobiographique

Issue de l’ethnie Hazara, une minorité en Afghanistan perçue comme paria, la famille de Reza a immigré en Iran où elle n’était pas non plus la bienvenue. L’auteur, qui nous raconte ici son parcours, a grandi en étant victime de racisme, que ce soit à l’école comme dans les espaces publics. Sa famille a été contrainte de vivre dans la clandestinité ; s’il a d’abord été couturier, Reza est parvenu, non sans difficulté, à être réalisateur. D’une salle d’interrogatoire en France en compagnie d’une juge aux conversations intimes avec Yann (qui dessine), Reza raconte sa jeunesse, sa vie de jeune adulte et son addiction d’alors.

De la narration visuelle aux explications socio-politiques

Les graphismes aux traits épurés proposent une perspective plate, permettant une narration visuelle intéressante. Les aplats de couleur transmettent les émotions des scènes et aident à situer les lieux et la temporalité (vert pour l’Iran, bleu pour la France, rouge pour la juge, etc.). Les traits déformés ou chargés de symbolisme retranscrivent la violence des événements ou des émotions sans la montrer. De nombreuses touches sensibles ponctuent le récit et soulagent la tension qui s’en dégage, telle une anecdote sur son métier de relieur du Coran et le fait de retenir ses pets, ou les mains tremblantes de sa mère. Les explications politiques sont résumées et intégrées au récit, ce qui donne un aperçu de la complexité des rapports entre les peuples de ces deux pays. Un récit puissant sur l’immigration qui saura plaire par son graphisme, malgré la tristesse qui s’en dégage.