Entretien avec Flore Vesco : réécriture de contes, création littéraire et adaptation
Par Lamia Gormit
| Format | Article |
Dans le cadre de la réalisation de notre numéro « Le pouvoir des réécritures : mythes et contes dans la littérature adolescente », nous avons eu la chance de rencontrer Flore Vesco pour un entretien que vous retrouverez dans notre parution. Nous en avons aussi profité pour lui poser quelques questions qui sortent un peu de la thématique afin d’en connaître un peu plus sur cette autrice incontournable de la littérature qui s’adresse aux jeunes et… aux moins jeunes. Voici notre échange.
Présentation de Flore Vesco
Lamia Gormit : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Flore Vesco : Je dis souvent que je suis une autrice jeunesse… mais aussi une autrice pour la vieillesse, et pour tout ce qu’il y a entre les deux. J’ai le sentiment d’avoir des lecteurs et lectrices de tous âges. J’écris des romans. Ces dernières années, j’ai beaucoup travaillé sur des réécritures de contes, mais j’écris aussi des romans d’aventure qui jouent beaucoup avec la langue, souvent assez fantaisistes.
LG : L’écriture, c’est votre premier métier ?
FV : J’ai été prof de français, mais alors… dans une vie très lointaine ! J’ai enseigné trois ans, avant mes trente ans, donc cela remonte à une quinzaine d’années maintenant. Quand je fais le bilan, c’est vraiment le plus petit tronçon de ma vie professionnelle. C’est le seul autre « vrai » métier que j’ai exercé. À côté, j’ai fait plein de petits boulots, puis je suis entrée dans l’édition il y a dix ans. Mon premier roman, De cape et de mots, est sorti en 2015, et depuis, je ne fais quasiment plus que ça : écrire.
Réécritures à l’œuvre : la vision de Flore Vesco
LG : J’ai reçu il y a quelques mois la bande dessinée adaptée du roman D’Or et d’oreillers. Comment est né ce projet de réadaptation d’un roman qui est lui-même une réécriture ?
FV : C’est très simple : je n’ai rien fait ! Il faudrait vraiment poser la question à l’illustratrice, Mayalen Goust. Mon nom figure sur la couverture, c’est normal puisque la bande dessinée est adaptée de mon roman, mais je n’ai pas écrit le scénario. L’illustratrice avait réalisé la couverture du roman et l’avait lu (ce qui n’est pas toujours le cas : les illustrateurs n’ont pas toujours le temps de lire les textes). Elle l’avait beaucoup aimé et m’avait offert une couverture magnifique.
L’idée vient d’elle. Elle travaillait déjà en bande dessinée chez Rue de Sèvres, qui appartient à la même maison que L’École des loisirs. Donc tout s’alignait.
LG : Pourquoi n’avez-vous pas repris l’écriture du scénario ?
FV : Je ne voulais pas faire le scénario, parce que le roman contient beaucoup de scènes d’intimité, très imagées, parfois avec des fragments de corps, des viscères… En littérature, on peut tourner cela avec une jolie phrase ; en image, c’est beaucoup plus difficile sans tomber dans le gore, ce qui n’était absolument pas l’intention. J’étais terrifiée : je ne voyais pas comment traduire ces scènes visuellement. Mais Mayalen savait déjà très bien comment elle allait s’y prendre. Je lui ai donc donné carte blanche. Résultat : on a une réécriture d’une réécriture. C’est une réinterprétation entièrement personnelle de Mayalen, et je la trouve magistrale : très belle, très sensible. Elle lui ressemble autant qu’elle ressemble à mon roman.
LG : Dans la réécriture, il y a souvent une dimension humoristique, relevant du pastiche, de la parodie -ce qu’on retrouve dans vos textes. Est-ce que c’est une manière d’écrire née de la réécriture, ou est-ce simplement votre façon naturelle d’écrire ?
FV : Ah ! Je ne sais pas, je ne m’étais jamais posé la question. Si on est pragmatique : je le faisais déjà avant les réécritures de contes. Mon premier roman, et les suivants aussi, jouent avec la langue. Donc j’aurais tendance à dire que c’est ma manière d’écrire. Mais comme vous le soulignez, c’est peut-être aussi ce qui m’a attirée vers le conte : c’est un terrain parfait pour le pastiche, les jeux de mots… Je n’y avais jamais pensé, mais oui, je crois que j’ai ça en moi, et que le conte est un espace où je peux l’exprimer encore plus librement.
LG : Avez-vous d’autres projets de réécriture de conte ?
FV : Je ne sais pas… Je m’étais dit que j’avais atteint un « bon chiffre » de contes réécrits, et que je ne voulais pas m’enfermer là-dedans. Et puis, pour être honnête, j’ai participé à énormément de tables rondes sur le sujet ! J’avais envie de passer à autre chose.
Mais ces derniers temps, je reviens malgré moi vers une réécriture… Je traîne encore un peu, je ne sais pas encore où cela va aller. Il est trop tôt pour que je puisse le dire. Disons qu’il ne faut jamais dire jamais.
Découvrez, lisez, relisez l’œuvre de Flore Vesco, à la langue alliant fantaisie, finesse et exigence !
De cape et de mots, 2015,
Louis Pasteur contre les loups-garous, 2016
Gustave Eiffel et les âmes de fer, 2018
L’Estrange Malaventure de Mirella, 2019
226 bébés, 2019
D’Or et d’oreillers, 2021
De délicieux enfants, 2024
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