L’histoire d’un artiste dissident

Emma Siniavski a découvert dans sa maison familiale des documents qui lui permettent de retracer la vie de son grand-père russe, décédé peu avant sa naissance. Ce récit familial a été nourri par les souvenirs de sa grand-mère. Andreï, écrivain dissident et passionné de littérature, fut considéré malgré lui comme opposant au régime qui n’autorisait pas la fiction à s’écarter du réalisme soviétique. Arrêté par le KGB, lors de son procès en 1966, il refuse de se reconnaître coupable. Il survit à 6 ans de goulag, continuant à écrire au camp de travail et à faire passer ses textes en France sous pseudonyme grâce à une amie. En 1973, Andreï et Maria, ont pu fuir l’URSS pour s’installer à Fontenay-aux-Roses.

Une épopée de famille livrée sur un ton caustique

Le graphisme, au trait épuré de la pointe feutre, s’accorde avec le lettrage fin de l’écriture manuscrite. Le noir et blanc domine avec quelques touches de couleur pour le décor. Au récit documenté sur la répression des intellectuels en URSS pendant les années Khrouchtchev, se superpose l’émouvante histoire d’amour du couple, attestée par les photos qui ouvrent l’album. Évitant de s’appesantir sur le travail d’archives qui a été nécessaire, l’autrice livre l’épopée de sa famille paternelle sur un ton assez caustique qui ne laisse pas le lecteur indifférent.