Le Frelon, une menace omniprésente

La jeune Nina est aux aguets dans l’obscurité de sa chambre. Comme chaque mercredi, sa mère est à son cours de yoga. La petite fille a peur qu’une nouvelle fois son père vienne se glisser dans son lit. Elle sait qu’elle ne pourra ni s’échapper, ni crier au secours. Nina n’a pas les mots pour dénoncer les abus sexuels dont elle est victime, ni pour exprimer la souffrance qui comprime son existence. À la place des mots, un bourdonnement incessant envahit son esprit, s’empare de son corps : ce « frelon » est la manifestation physique du mal-être provoqué par les viols répétés de son agresseur. Le récit est à la 2e personne du
singulier : c’est la jeune femme enfin délivrée de cette emprise paternelle qui s’adresse à la petite fille qu’elle a été et qui évoque les épisodes douloureux qu’elle a traversés.

Un sujet important pour un public averti

Ce texte très court est écrit avec beaucoup de poésie et de pudeur. Même si les abus ne sont pas frontalement décrits, le récit est très fort et le difficile parcours de la jeune fille (les premiers gestes incestueux du père et sa manipulation, le sentiment de culpabilité de la victime) est transcrit avec précision. La métaphore omniprésente du frelon traduit avec subtilité cet envahissement obsédant de la souffrance. L’image des bourdonnements persistants est relayée par des illustrations de l’insecte dévastateur en noir sur papier jaune. Malgré la brièveté du récit et l’accessibilité de l’écriture, la gravité du sujet fait que ce livre est à conseiller à un public averti.