Les yeux doux : une bande dessinée dystopique engagée

Dans le monde des yeux doux, il y a trois mots-clés : produire, contrôler, consommer. Tous ceux qui dérogent à ces principes se trouvent emprisonnés ou exclus de la société.

Les Yeux doux est une bande dessinée rétro futuriste aux nombreuses références littéraires et cinématographiques – 1984, Brazil, Blade Runner, Black Mirror, Metropolis – qui permettent de creuser la thématique de la dystopie. Le dessin, en ligne claire, oscille entre un univers urbain sombre, mécanique et violent, et des touches pop dans les pin-up de surveillance et chez les personnages. La rencontre avec les personnages se fait lors de moments de bascule, lorsqu’ils sortent de leur rôle de boulon dans la chaîne écrasante du travail mécanique ou de la surveillance et de la délation. La spontanéité et l’amour deviennent un grain de sable dans le rouage et contraint Arsène et Anatole à quitter leurs travails. Si l’on croise des figures de terroristes inefficaces, c’est l’occupation des marges dans le Jardin des bennes, friche industrielle abandonnée, qui porte vraiment le potentiel et la réflexion révolutionnaires et qui conduira à un dénouement positif. Ce récit donne lieu à des interrogations intéressantes et actuelles sur le consumérisme, le capitalisme déchaîné, la surveillance généralisée et les moyens d’y résister.