Une histoire intime confrontée à l’histoire du Reich

Berlin, 2004. Bianca vide l’appartement familial que sa grand-mère quitte pour une maison de retraite. La découverte de photos suscite des interrogations sur le rôle de son grand-père dans la Wehrmacht : officiellement comptable pendant la guerre, il arborait l’insigne nazi dès 1929. Aux questions de Bianca pendant sa jeunesse, on a toujours répondu « on ne savait rien ». Devant l’immeuble pourtant, des pavés mémoriels sont gravés aux noms des habitants précédents, victimes juives spoliées et déportées. Le grand-père travaillait alors à Riga, non loin des lieux d’exécutions massives de Lettonie.

Un témoignage émouvant

L’autrice, aidée de son fils, enquête et consulte les archives. Confrontant l’histoire intime à l’histoire du Reich, la narration procède d’allers-retours entre la Shoah, la guerre froide et le mur de Berlin. L’illustration retrace la mémoire des lieux. L’ouvrage documente l’après-guerre, les responsabilités suivant les degrés d’implication – coupable, compromis, peu compromis, suiveur. La peine infligée à son aïeul démontre qu’il ne fut pas un simple « suiveur ». Sans tabou, ce récit historique explore le passé de l’Allemagne sur trois générations. Les dates, les codes couleurs fournissent des repères chronologiques pour la compréhension de ce récit foisonnant. Ce roman graphique constitue un témoignage émouvant, et un dossier documentaire éclairant complète l’ouvrage pour les férus d’histoire.