Une langue minimale qui fait entendre l’absurde de l’attente

Que font ceux et celles qui restent quand un frère, un fils, un fiancé a disparu ? Que dit, que fait, que pense l’absent qui s’est extrait de leur vie ? Il n’a pas prévenu, il n’a pas expliqué, il n’a pas laissé d’indices sur où il allait, pourquoi il partait, ce qu’il avait en tête. Et maintenant, les présents doivent faire avec cet absent. Dans de courtes scènes, dialogues, monologues ou chœur, Sébastien Joanniez met en scène la place que prend l’absence dans la vie de ceux qui ont été laissés. Il y a de la colère, des questions, de la tristesse et des suppositions, il y a des souvenirs et des espoirs… et des mots que l’on voudrait échanger malgré l’absent.

Une œuvre à mettre en rapport avec En attendant Godot

Cette pièce de théâtre pour adolescents donne un rôle — et même plusieurs — à l’absent et à ceux et celles qui l’attendent. Née de l’exploration des sites signalant les disparitions irrésolues, Sébastien Joanniez ne cherche pas à raconter les multiples cas qui y sont recensés mais à témoigner des trous qui forment la vie de ces personnes qui parviennent, malgré la société d’information, à échapper aux radars. Dans ces fragments de dialogues et cette langue minimale se font entendre l’absurde de l’attente, la place trop grande du manque, la futilité des signes, la fragilité des espoirs et la brutalité de la vie… mais l’absent est bien là, ni fantôme ni idée, il occupe les silences, les pensées, les habitudes. Quel medium plus adapté que le théâtre pour faire entendre ce qui n’est pas dit ? Une œuvre qu’il peut être en outre intéressant de mettre en rapport avec En attendant Godot de Beckett.