Une œuvre très réussie

Jules est un adolescent immigré italien qui enchaîne les petits boulots pour s’en sortir dans le Chicago de la fin des années 1930. Il se rêve riche, fort, élégant et son destin bascule lorsque sa route croise celle d’Adam Czar, un membre influent de la pègre locale. Il parvient à se faire recruter et développe, à l’insu de tous, une relation amoureuse avec Adam. Quand leurs affaires sont menacées par les fédéraux, ils s’installent à New York et Jules profite de ses origines pour intégrer la mafia. Il grimpe les échelons, gagne en influence et en responsabilités, au point qu’Adam se sente menacé.

Une maîtrise impeccable de l’atmosphère du polar

Pour sa première publication Anaïs Flogny propose une fresque documentée, dense et soignée. Elle démontre une maîtrise impeccable du genre et de l’atmosphère propre au polar, en écrivant une histoire d’appartenance, de luttes de pouvoir et de trahisons. Les héros sont ambigus et voient leurs destins contrariés par leurs choix et leurs allégeances. La narration de Jules revient sur les évènements passés qui l’ont conduit à rejoindre Marseille pour y finir ses vieux jours et entretient tout du long une émotion douce-amère propre aux récits tragiques de gangsters, marqués par la mort et l’hubris. Le dessin est clair, expressif et captivant, avec une palette limitée qui fait la part belle aux teintes sépias. À cela s’ajoute une typographie manuscrite bluffante de réalisme, qui donne presque l’impression au lecteur de lire un vrai journal intime. L’édition est quant à elle luxueuse tout en restant abordable, et offre un véritable écrin à cette première œuvre très réussie.