Une saga familiale à l’intérêt historique

Felice Mann grandit dans une famille excentrique et aimante de la bourgeoisie, entourée de ses parents, de son oncle Red, et de ses deux frères jumeaux adoptifs, Félix et Oswald. Alors que Félix s’intègre facilement à son nouvel environnement, profitant pleinement de l’amour, des conditions d’éducation et de la culture de sa famille adoptive, Oswald est un être plus mystérieux et sanguin. Il réussit moins à l’école, fait des crises de jalousie et plus tard, s’emporte contre des clients dans la brasserie de son père et son oncle adoptifs. Toujours pardonné, il brisera le cœur de ses parents et de sa sœur quand on découvrira qu’il est à l’origine d’un redressement fiscal qui met à genou la brasserie familiale. Bientôt, les soupçons se confirment : Oswald est proche des milieux fascistes, à l’opposé des opinions politiques de la famille Mann, catholique d’origine juive.

L’inéluctabilité de la percée fasciste de l’entre-deux-guerres

Ce roman qui met en scène l’entre-deux-guerres en Sylvénie, royaume imaginaire d’Europe de l’est, montre avec finesse l’ambiance mêlée d’insouciance, de créativité et d’inquiétude sourde face à la montée du nazisme avant la Seconde Guerre mondiale. Alors que prospèrent des idées modernistes, la perfide percée d’idées fascistes semble à la fois inconcevable et inéluctable. C’est ce que vivent au sein de leur famille les Mann en la personne d’Oswald. Ce récit à la première personne, à travers le point de vue de Felice qui émigrera aux États-Unis, retrace les étapes de la courte et énigmatique vie d’Oswald et des traces durables qu’il laissa dans sa mémoire, par des scènes à la fois picturales et vivantes. Une courte saga familiale à l’intérêt historique qui peut être mise en réseau avec la BD Deux femmes nues (Luz).