Le polar pour adolescents n°145, mars 2013

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Sommaire
Le polar pour adolescents

LECTURE JEUNE 145 | MARS 2013

Entretien avec Harlan Coben par Marieke Mille, rédactrice en chef de Lecture Jeune

Voir notre entretien de l’auteur en bas de page.

Le polar pour adolescents: bref historique et aperçu des genres par Raymond Perrin, ancien professeur et documentaliste

Sa reconnaissance tardive, à la fin du XXe siècle, et ses origines populaires, l’instituant « mauvais genre », ont contribué à faire du roman policier pour la jeunesse une notion historiquement floue. Surveillé par les censeurs et les moralistes, longtemps déconseillé par les prescripteurs qui y voyaient des « semences de crimes », il a d’abord été rangé sur le rayon commode des « aventures mystérieuses » dans les collections généralistes.

Édition: les nuances du noir par Maya Blanc, journaliste freelance et enseignante à l’IPJ

Maya Blanc, journaliste spécialisée dans le polar, s’est entretenue avec huit éditeurs et éditrices de romans noirs, polars ou thrillers pour adolescents afin qu’ils présentent leur travail. Natalie Beunat qui dirige « Souris noire » et « Rat noir » chez Syros, Guillaume Lebeau qui s’occupe de « Rageot thriller », Maÿlis de Lajugie pour « MSK » aux éditions JC Lattès, Sylvie Gracia en charge de « DoAdo noir » aux éditions du Rouergue, Thierry Lefèbre, directeur de « Courants noirs » chez Gulf Stream, Tibo Bérard qui dirige « Exprim » chez Sarbacane, Bertil Hessel fondateur des éditions Oskar et Soazig Le Bail qui s’occupe des romans chez Thierry Magnier présentent leurs visions du « noir » pour la jeunesse. La palette s’ouvre vers l’aventure, le fantastique, l’Histoire mais aussi l’humour !

Traduction et édition de polar par Natalie Beunat, traductrice et directrice éditoriale chez Univers Poche et aux éditions Syros

Le polar s’est nettement diversifié depuis son origine. Né avec Edgar Allan Poe, considéré comme le père du roman policier dit « à énigme », la branche du roman policier « classique » s’est enrichie du roman noir, apparu aux Etats-Unis dans les années 1920 sous l’influence des livres de Dashiell Hammett. Natalie Beunat a consacré plusieurs travaux à cet auteur. Editrice pour les collections « Souris noire » et « Rat noir » chez Syros ainsi que traductrice, elle analyse les évolutions du marché du polar en France, ses spécificités et celles de son travail de traductrice du genre, et d’éditrice pour la jeunesse.

Regard sur le polar pour adolescents par Noël Simsolo, auteur de la série Edgar Flanders, éditeur, cinéaste et théoricien du cinéma

Réalisateur, comédien, scénariste, auteur, éditeur, théoricien du cinéma… Noël Simsolo concilie différentes activités reliées entre elles par un intérêt tout particulier pour le polar. Il a notamment consacré un ouvrage au film noir et a écrit comme romancier plusieurs des aventures du Poulpe ainsi que la série Edgar Flanders, détective de l’étrange. Dans cet entretien, sa vision transversale du genre lui permet de cerner les enjeux du polar pour les adolescents aujourd’hui.

Le polar est-il un mauvais genre pour les adolescents? par Natacha Levet, maître de conférence en littérature française à l’Université de Limoges

Longtemps, la production de polars pour les adolescents a été dominée par des récits d’énigme : les romanciers, soucieux de capter l’attention d’un jeune public, insufflaient une forte dose de suspense et d’aventure. Depuis la fin des années 1980, cette branche de l’édition s’est diversifiée, s’ouvrant au thriller et au roman noir. On sait le rôle qu’a joué dans ce processus la collection « Souris noire », chez Syros, qui a recruté, en large part, chez les auteurs de polar pour adultes. Cette présence du thriller et du noir interroge sur le positionnement de ces genres pour la jeunesse. D’une manière générale, tous ces récits policiers mettent en scène une transgression de la loi, le plus souvent criminelle, donc des actes violents ou pour le moins délictueux. Le polar ne peut être proposé à un public adolescent qu’au prix de certaines concessions. Les adaptations du propos pour le public visé varient selon que l’auteur tend plutôt au récit d’énigme, au thriller ou au roman noir. Et force est de constater qu’éditeurs et auteurs soumettent à des degrés divers leur production aux attentes présumées d’un jeune public, car à trop adapter le genre, ils prennent le risque de contrevenir aux exigences même du polar. Il n’en faut pas plus pour qu’il reste un mauvais genre, suspect aux yeux de bien des adultes médiateurs et prescripteurs.

Séries policières et adolescents par Isabelle-Rachel Casta, professeur de littérature à l’Université d’Artois

The Wire, Caïn, Luther, Antigone 34, Whitechapel, Grimm ou Dexter… : que cachent ces titres souvent énigmatiques ? Des séries, « policières » dit-on pour faire court, mais le terme est lui-même vague, multipolaire, renvoyant aussi bien à la description hyperréaliste d’une ville à la dérive dans The Wire (A l’écoute) qu’ aux contes de Grimm réactualisés dans la série éponyme. Du moment qu’il y a mystère, enquête , fausses pistes, leurres, indices et dénouement, on peut accorder le label « policier » (ou « criminel », ou « de suspense ») à la série en question, même si aucun limier officiel n’intervient. Ni Miss Marple, ni Hercule Poirot, ni Rouletabille n’étaient inspecteurs et pourtant nul ne dénierait à leurs aventures d’avoir été « policières ». L’abondance exponentielle des articles, ouvrages, collections entières, colloques récemment consacrés au genre a de quoi donner le tournis.

 

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Format

Numérique, Papier