Une bande dessinée dans l’intimité d’une salle de classe

L’autrice enseigne le français depuis dix ans dans un lycée de Seine-Saint-Denis, en zone sensible. D’octobre à juin, elle collectionne des instantanés de situations dans l’intimité de la salle de classe, les couloirs, la cour, les lieux de concertation et d’échanges avec les parents d’élèves. C’est un récit chronologique mais le lecteur choisit son parcours. Il est libre de s’arrêter sur une planche dont le titre ou les dessins retiennent son attention.

Des saynètes touchantes, drôles et intelligentes

Mathilde Levesque s’attache à expliciter le sens du métier de prof en déclinant la polysémie du terme « lien ». Elle cerne des profils d’élèves, ceux capables de progrès étonnants, les désespérés, les révoltés qui finissent par se calmer. Malgré tous les obstacles, elle ne renonce jamais à enseigner le programme de français avec intelligence et humour. Elle évoque son sentiment d’impuissance, ses erreurs d’analyse, le manque de moyens. Le contexte d’enseignement prend aussi en compte la communauté éducative et les liens à construire notamment entre enseignants. Les illustrations, en aplats de couleurs vives, les postures, les gestes du professeur et de ses élèves en variant les points de vue, les focales sont étonnamment justes. Les bulles, réduites à l’essentiel, synthétisent la drôlerie des situations sans aucun mépris. En somme, c’est la bande dessinée à lire en ces moments douloureux où l’on s’interroge sur le métier de prof.