Une œuvre marquante

Si les Illuminations est la dernière œuvre d’Arthur Rimbaud, cette BD montre que sa publication est aussi le fruit des efforts de deux autres artistes qui furent importants dans la vie du poète, entre 1872 et 1877. Verlaine, qui perdit tout et dû passer deux ans en prison en raison de sa passion pour le jeune Arthur, et Germain Nouveau, peintre et poète, à la fois fasciné et hanté par le génie de Rimbaud dont il copia au propre et sauva des flammes le dernier manuscrit. Les « Illuminés », ce sont donc ces trois poètes qui crurent à la puissance des mots et des images, à la liberté comme consigne de vie et de création.

Des images qui convoquent la peinture du XIXe siècle

Les Illuminés est une bande dessinée remarquable, autant d’un point de vue de l’univers graphique que de la construction narrative. Les lecteurs y suivent simultanément deux à trois récits parallèles qui partagent horizontalement les doubles pages. Chaque fil narratif est identifiable par un code couleur qui lui est propre, allant du sépia au noir et blanc en passant par différents dégradés faisant référence aux débuts de la photographie. Jean Dytar nous offre ici une autre palette de son travail, convoquant la peinture du XIXe siècle et les images que nous ont laissées cette époque. On croise, au détour des pages, Cézanne, la gare St Lazare, les cafés de Paris où se réunissaient, autour d’une absinthe, les artistes « maudits ». Cette BD exigeante, tant du point de vue des références culturelles que de l’expérience de lecture, est une œuvre marquante.