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Entretien avec Shaïne Cassim (Albin Michel), de Wiz à Mojo

Albin Michel restructure son offre de romans pour adolescents. Alors que la collection « Litt’ » a été lancé par Karine Van Wormhoudt en septembre dernier, Shaïne Cassim fait évoluer « Wiz » et prépare une nouvelle collection, « Mojo ».

Sonia de Leusse-Le Guillou : Avant de parler de l’évolution de Wiz cette année, pouvez-vous nous rappeler la genèse de la collection ?

Shaïne Cassim : La collection Wiz est née il y a un peu plus d’une dizaine d’années. Elle était organisée autour d’un socle de fantasy, dont les principaux auteurs étaient par exemple Jonathan Stroud avec sa Trilogie de Bartiméus1Jonathan Stroud, Albin Michel, Wiz, 2003-2005. et Rick Riordan2Rick Riordan est l’auteur, entre autres, de Percy Jackson (5 tomes) et de Héros de l’Olympe (5 tomes). Ces deux séries ont été publiées chez Albin Michel, dans la collection Wiz., l’auteur que l’on fête aujourd’hui avec extase et reconnaissance. Parallèlement, il y avait aussi des textes comme Maintenant c’est ma vie3Meg Rosoff, Maintenant c’est ma vie, Albin Michel, Wiz, 2006., de Meg Rosoff, qui, à mon sens, est un des premiers livres dystopiques même si on ne le définissait pas ainsi. Il y a bien un monde contraire à l’utopie qui repose sur des éléments réels. Nous avons essayé de conserver cette ligne au fur et à mesure des années, en ouvrant la collection à d’autres champs de fiction : la problématique contemporaine devait aussi en faire partie, c’est pourquoi j’ai publié, par exemple, Le Premier qui pleure a perdu4Sherman Alexie, Le Premier qui pleure a perdu, Albin Michel, Wiz, 2008., de Sherman Alexie. La collection a avancé, mûri, avec des textes comme L’été où je suis devenue jolie5 Jenny Han, L’Eté où je suis devenue jolie, Albin Michel, Wiz, 2010. de Jenny Han, qui est vraiment ce que les Américains appellent du « coming-of-age story », c’est-à-dire un récit qui correspond à la fin de l’enfance et à l’entrée dans le monde des jeunes adultes. Ces dernières années, la veine contemporaine s’illustre par des textes comme celui de Jennifer Brown avec Hate List6Jennifer Brown, Hate List, Albin Michel, Wiz, 2012. qui s’inspire plus ou moins de la tuerie de Columbine et dresse le portrait d’une adolescente et de son évolution. La collection s’est ainsi enrichie peu à peu tandis que nous nous demandions quels types de livres pouvaient s’y intégrer. N’y avait-il pas moyen de publier ce qu’avec Marion Jablonski7Marion Jablonski est directrice du département jeunesse chez Albin Michel., nous appelons le Hors-Wiz, c’est-à-dire des textes qui peuvent accompagner la collection ? Cela a été précisément le cas en mai dernier82015. avec la sortie de Conversion. Katherine Howe, met en parallèle un fait réel dans un lycée assez select des États-Unis où des jeunes filles sont prises de symptômes assez étranges qui vont de la convulsion à la perte de cheveux, au dérèglement de la parole etc. L’auteur, qui a brillamment relié les événements du procès de Salem – un épisode très connu de l’histoire américaine – à notre époque, montre aussi ce « dérapage » de l’adolescence. Il me semblait opportun, voire assez indispensable, de faire paraître ce texte chez Albin Michel parce qu’il réunit des types de lecteurs différents. Par ailleurs, l’évolution du marché nous a conduits à réduire la production de Wiz autour d’une dizaine de titres par an, tout en réfléchissant au développement, à côté, d’autres formes d’intérêts et d’autres formes de lectures : nous allons donc lancer l’année prochaine Sherlock, Lupin et moi, une série pour plus petits, avec une enquête policière par livre, réglée par Sherlock et Lupin lorsqu’ils sont adolescents. La série permet d’instaurer un rendez-vous et une temporalité différente de celle de Wiz. Nous ne pouvons plus fonctionner comme auparavant. Trop nombreux, nous devons réfléchir autrement.

SLG : Vous voulez dire qu’il y a trop d’éditeurs ?

SC : Effectivement.

SLG : Pensez-vous qu’il y ait une surproduction ?

SC : Oui, je le pense, ou en tout cas, une production qui n’est peut-être pas réfléchie à bon escient. Je ne critique pas du tout mes collègues, je le dis pour nous aussi. Nous avons donc décidé de conserver Wiz avec ce que la collection a de propre, c’est-à-dire des auteurs qui proposent des univers de fantasy comme celui de Jonathan Stroud9Auteur de La Trilogie de Bartiméus, op. cit. par exemple. Nous  gardons, bien sûr, nos auteurs emblématiques, comme Neil Gaiman qui, dans la littérature de jeunesse, pose les questions qui sont liées à l’adolescence, aux sujets tabous, à la mort, à la fréquentation des univers parallèles par une réponse toujours littéraire, de Coraline10Neil Gaiman, Coraline, Albin Michel, Wiz, 2003. à L’étrange vie de Nobody Owens11Neil Gaiman, L’Etrange vie de Nobody Owens, Albin Michel, Wiz, 2009. ou La Belle et le Fuseau12Neil Gaiman et Chris Riddell, La Belle et le Fuseau, Albin Michel, Jeunesse. A paraître le 30 sept. 2015., qui a fait grande polémique en France mais qui sera publié hors Wiz. Il s’agit d’un album avec des illustrations qui prend une position féministe sur ce qu’est le rapport au pouvoir, aux contes, à l’amour en mettant en scène une reine et une princesse (et non un prince et une princesse !) qui vont se rencontrer. Tous ces sujets-là sont des thèmes brûlants, intelligents, intéressants pour lesquels nous essayons de développer de nouvelles formes, comme en témoigne ce dernier titre que je viens de citer.  Nous menons en fait une réflexion globale sur la littérature de jeunesse. Comment la positionner dans l’angle le plus intéressant par rapport au but qu’on s’est fixé ? Rick Riordan est aussi emblématique de ce qu’on peut proposer en fantasy à partir de onze ans à des lecteurs aguerris. On ne peut plus leur donner des univers simplistes. Ils en connaissent les arcanes et sont aussi compétents que nous pour juger – parfois assez durement – ce qu’on leur soumet. Notre vigilance dans nos propositions ne doit donc jamais s’endormir.

Je pense que c’est la question de la forme qu’il faut privilégier. Il ne s’agit pas de savoir ce que l’on dit mais comment on le dit.

SLG : La polémique que vous avez citée autour de l’album de Neil Gaiman contribue-t-elle à nourrir la réflexion que vous évoquiez sur la littérature jeunesse en général ?

SC : Une illustration de cet album a choqué ou plutôt, a fait polémique13On y voit la princesse et la reine s’embrasser.. On y retrouve l’éternel débat de savoir ce que l’on peut montrer aux enfants. Je pense que c’est la question de la forme qu’il faut privilégier. Il ne s’agit pas de savoir ce que l’on dit mais comment on le dit. Des façons de s’exprimer peuvent être très vulgaires, blessantes et violentes mais il y aussi d’autres moyens de faire passer son propos ; c’est ce que j’aime défendre. Ne t’inquiète pas pour moi14Alice Kuipers, Ne t’en fais pas pour moi, Albin Michel, Jeunesse, 2008., que nous avons publié il y a quelques années, expose à travers des post-it la correspondance entre une mère et sa fille. Ce texte dense avec une forme très pudique raconte comment, petit à petit, la mère souffrant d’un cancer va disparaître, laissant sa fille à l’orée de sa vie de jeune femme. Cette évolution et ce choix de l’auteur empêchent toutes les formes d’impudeur et de sentimentalisme. Ce qui m’intéresse, y compris en dehors de Wiz, est de pouvoir développer non pas « une » littérature spécifique, mais « des » littératures, dont celles de l’imaginaire, et peut-être des formes auxquelles nous n’avons pas pensé encore pour l’instant. Il me semble qu’il y a quelque chose dans l’air du temps à saisir et à déployer. Je prends pour exemple le succès incroyable que connait #EnjoyMarie qui, je pense, pour avoir longuement étudié les vidéos et regardé le livre, est un gage de sincérité : c’est une jeune femme qui a été une jeune fille comme les lectrices, qui tient un propos. On peut le juger sans intérêt mais pourquoi cette forme de narration connait-elle un tel succès ? Nous allons sortir en octobre Ce que je sais (enfin !), un livre d’une Youtubeuse anglaise de 23 ans, Carrie Hope Fletcher, qui montre une expérience similaire à celle de Marie Lopez, enrichie par le fait qu’elle a évolué sur des scènes de comédies musicales. Cette forme de narration n’est pas à mépriser. Elle est à étudier, à regarder. Il est important, pour nous, éditeurs, de comprendre quel est le ressort qui fonctionne. C’est aussi une réponse à la société virtuelle dans laquelle on vit. Comment interpréter ce message-là – des milliers de jeunes filles ont, d’un coup, trouvé une grande sœur ? Comment le traduire, comment le proposer à des lecteurs ? On le voit avec l’évolution de Wiz jusqu’à présent : je suis pour toutes les littératures, polymorphes, qui peuvent répondre à tous ces questionnements, qui peuvent aller de la distraction – en lisant des aventures de fantômes comme les livres de Jonathan Stroud –, à des formes très contemporaines comme Hate List ou Tornade15Jennifer Brown, Tornade, Albin Michel, Wiz, 2015. qui parle du désastre climatique et de sa répercussion dans la personnalité, l’histoire et l’âme d’une jeune fille, comme la Belle et le Fuseau qui réinterprète le conte d’une façon moderne, ou comme le livre de Carrie Hope Fletcher, parce que je trouve que c’est une exacte illustration de ce que peut être cette polyphonie de propositions aux adolescents. C’est aussi constamment un work-in-progress : on ne peut pas s’arrêter sur des choses qu’on a fixées.  Tout évolue très vite. Il ne s’agit pas de faire la course aux lecteurs mais d’essayer de comprendre la façon dont ils voient le monde, tandis que nous avons tendance à les édifier avec nos propres idées, nos propres certitudes. Il est sain, dans ce qui se passe actuellement, que nous soyons surpris par les livres qu’ils aiment. Le premier grand choc avait été Harry Potter quand même. Tout le monde disait que personne ne lirait un tel volume et que la magie appartenait aux cultures anglo-saxonnes. On a vu ce qu’il en était sur ces deux questions. C’est le même phénomène qui s’est passé avec les livres de vampires, montrant une société un peu plus puritaine que ce qu’on voulait bien imaginer, contrepied des lecteurs et des lectrices par rapport à ce qu’on croyait, du monde dans lequel nous vivons. Le troisième contrepied a été Hunger Games16Suzanne Collins, PKJ, 2009-2011.. Tout à coup, la fascination pour la téléréalité poussée jusqu’aux jeux de la mort a interpellé des milliers d’adolescents. Les ressorts, je crois qu’on les connait ou qu’on les devine petit à petit. Nous les avons expérimentés avec Riordan. Il s’agit à chaque fois d’adolescents qui ont perdu leurs parents, qui errent dans New York et qui, tout à coup, se retrouvent fils ou fille de demi-dieux. Que faire, alors, de son origine ? La question est bien de savoir quoi faire de son identité, même si c’est par le biais de l’aventure, des dieux de l’Olympe, de tout cet univers mythologique. Cela revient à se demander qui on est, d’où on vient et qui sont nos parents. Tous ces questionnements-là nous sont renvoyés dans la figure, si je puis dire, par les lecteurs. C’est cela qui nous permet de réfléchir. La littérature de jeunesse est vivante. Elle n’est ni posée, ni figée. A chaque fois, il faut recommencer. A chaque fois, il faut se demander ce que les adolescents racontent en célébrant tel ou tel livre.

SLG : Souhaitez-vous faire éclater la segmentation actuelle de la collection ?

SC : Oui, Wiz sera réservée aux romans ayant trait à la littérature de l’imaginaire.

SLG : On n’y retrouvera donc plus Wiz fantasy, Wiz Girl, Bliss, etc. ?

SC : Ces segmentations ne sont plus valides, désormais. Nous allons faire coexister aux côtés de Wiz, consacrée aux littératures de l’imaginaire, une collection de textes contemporains de qualité sous le nom « Mojo ». Nous réserverons nos textes destinés aux ados à cette nouvelle collection. Les sujets de ces livres se sont aussi ouverts à un lectorat plus large. Tous les grands succès ont, à un moment donné, dépassé le public adolescent ; c’est ce qui en a fait des best-sellers. Nous essayons d’ouvrir toutes les fenêtres…

SLG : N’est-ce pas votre façon de publier du young adult sans l’estampiller comme tel ?

SC : Nous trouverons le young adult au sein de Mojo, emblématique de la littérature ado contemporaine. Wiz garde ses auteurs phares de la littérature de l’imaginaire, comme Rick Riordan, Jonathan Stroud ou Neil Gaiman. Nous ne voulons pas estampiller le public mais nous souhaitons nous autoriser absolument tout, et répondre aux demandes du marché ou à celles des lecteurs. Il s’agit de faire souffler un grand vent de liberté éditoriale sur la diversité des projets que nous défendons.

SLG : Allez-vous éventuellement ouvrir votre catalogue à des auteurs français ? Comment envisagez-vous la proportion entre traduction et auteurs français ?

SC : Nous avons désormais une éditrice au domaine français qui développera ses propres projets, avec ses auteurs17Il s’agit de Karine Van Wormhoudt, directrice de la collection Litt’, lancée en septembre 2015. Retrouvez l’entretien de K. Van Wormhoudt,  avec S. de Leusse-Le Guillou sur le site de Lecture Jeunesse (mise en ligne le …).. C’est résolument auprès de Karine Van Wormhoudt que va se dérouler l’aventure des auteurs français – sauf, si l’un d’entre eux proposait un texte proche de l’univers de Rick Riordan, par exemple.

SLG : Avec Litt’ et Mojo, vous lancez donc deux nouvelles collections cette année ! Pouvez-vous nous donner les grandes caractéristiques de chacune pour bien comprendre leur positionnement ?

SC : Sur Litt’ c’est Karine qui définit la politique éditoriale : ce sont des romans d’auteurs français. Ils sont ouverts, chaleureux, drôles et surprenants, tel que Le pays qui te ressemble de Fabrice Colin. Ou par exemple, le roman d’Audren intitulé Wild Girl dont le titre dit tout : liberté, aventure, personnage hors normes dont le destin emporte le lecteur.
En ce qui concerne Mojo, que je dirigerai sous la houlette de Marion Jablonski, la politique éditoriale est très rigoureuse. Peu de textes – trois ou quatre par an – des auteurs de littérature étrangère et des thèmes résolument contemporains destinés à un lectorat ado. Ainsi, la question de l’identité sera représentée par un magnifique premier roman, empli de grâce, sur une problématique dont l’aspect édifiant ou militant est écarté pour proposer un personnage, une histoire, une écriture et une ambiance singulières. Ce sera en février 2016 avec le texte inaugural de la collection, qui s’appelle Je ne suis pas un garçon, d’Ami Polonsky.

SLG : Combien de titres publierez-vous chaque année ?

SC : Le nombre de titres de Mojo variera entre trois et quatre romans par an.

SLG : Comment positionnez-vous Wiz par rapport aux autres éditeurs du même segment ? Et comment voyez-vous l’évolution du marché de la littérature ado/jeunes adultes aujourd’hui ?

SC : Je pense que Wiz est une collection identifiée par les lecteurs comme une force de propositions de romans, avec des auteurs emblématiques de cette marque. Il serait hypocrite de dire que nous n’avons pas des livres qui ressemblent aussi à nos concurrents. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de publier un livre ambitieux, brillant, qui se démarque de la production actuelle, comme Conversion. Nous conjuguons une forme de diversification tout en tenant bon sur nos acquis. L’évolution du marché adolescent me semble de plus en plus polyphonique. Beaucoup de titres sont estampillés roman graphique, roman illustré, texte de collection etc., or cette catégorisation est en train de voler en éclats. De cette polyphonie, vers laquelle a évolué le marché, résulte une difficulté à continuer à fonctionner comme on l’a fait jusqu’à présent. Il y a eu l’ère de la fantasy et de la magie avec Harry Potter, celle des vampires avec Mélissa de la Cruz et Twilight18Stephenie Meyer, Hachette, Black Moon, 2005-2008., la dystopie avec Hunger Games19Suzanne Collins, op. cit. et Divergente20Veronica Roth, Divergente, Nathan, 2011-2014.. Nous sommes actuellement dans une période plus flou qui apporte en même temps des propositions diverses. Qui aurait pu penser qu’un livre sur le cancer, Nos Etoiles Contraires21John Green, op. cit., allait devenir un tel bestseller ? Ce qui ne détruit pas le métier, c’est la forme d’intuition que l’on peut avoir. Peut-être est-ce un cliché mais je crois qu’il est très important d’avoir une liberté éditoriale dans notre offre. L’alternative est une forme de proposition. On doit pouvoir se dire qu’on ne publiera pas la cinquantième dystopie de l’année car cela n’a aucun intérêt et ne sera pas une solution. Il faut, en revanche, rester ouvert à d’autres formes encore à définir, peut-être en repassant par le journal, peut-être en renouant avec la forme de sincérité dont nous avons parlé en mentionnant les Youtubeuses. Peut-être la clé est-elle là, actuellement. Je ne suis pas devin. Je vois seulement que les propositions vont de 7 à 30 ans. Voilà pourquoi nous réfléchissons en permanence.

SLG : Ces frontières poreuses sont-elles, paradoxalement, caractéristiques de la littérature ado ?

SC : Oui, je pense qu’une jeune fille de 15 ans est tout à fait capable de lire Conversion chez nous, de lire Tornade22Jennifer Brown, op. cit. de Jennifer Brown ou L’Eté où je suis devenue jolie23Jenny Han, op. cit.. Il n’y a plus de tabou à passer d’un genre à l’autre alors que l’on avait beaucoup « genré » les livres. Désormais, le libre arbitre du lecteur s’est installé, quel que soit notre jugement. Les codes ont sauté. C’est ce qui explique cette espèce d’océan sans fin dans lequel on est plongé – et tant mieux. On y trouve de temps en temps des propositions que l’on aurait, nous-mêmes, aimé lire à l’adolescence, comme Ce que je sais (enfin) !, par exemple, ou L’Eté où je suis devenue jolie. On peut passer du grand univers de la mythologie grecque à la musique intime d’une adolescente. Le lecteur, lui, trouve son chemin. A nous de faire les propositions qui lui permettent de cumuler ces formes de lecture avec lesquelles il s’accommode très bien sans segmentation. Le lecteur se moque des collections, du moment qu’il trouve un livre qui lui plaise.

Après, chacun est en droit de publier ou d’aimer autre chose, mais nul éditeur ne peut occulter ces phénomènes qui ont agrippé les adolescents.

SLG : Vous parliez de nouvelles formes et vous avez notamment cité le livre de Marie Lopez24, Anne Carrière, 2015. Voir la chronique sur le livre dans le n°154 de Lecture Jeune.. Y voyez-vous de la nouveauté ? Ne renoue-t-on pas simplement avec des formes plus connues, souvent associées à la littérature ado – celles du journal ou du témoignage. La nouveauté n’est-elle pas du côté de l’auteur, du fait que ce soit une jeune fille quasiment du même âge que ses lectrices ?

SC : Je pensais plutôt au texte accompagné de l’image. Dans le cas d’#EnjoyMarie, je me référais aux vidéos vues avant le livre ; la forme nouvelle, c’est en quelque sorte Youtube. Le livre se fait à partir d’un phénomène de société qui donne envie aux lecteurs de retrouver noir sur blanc une partie de l’expérience qui se situe sur Youtube, entre eux-mêmes et l’auteur de ces vidéos. On ne considérait pas ces formes-là comme « littéraires », comme flexibles ni acceptables. La nouveauté, c’est que tout à coup, le lecteur nous surprend en se montrant intéressé par ces lectures. Le journal intime, bien sûr, a toujours existé, ou le guide de survie des adolescents, avec des titres comme Journal secret d’Adrien, 13 ans ¾25Sue Townsend, Le Journal secret d’Adrien, 13 ans ¾, Stock, 1984., un classique de chez Hachette très proche du Journal d’un dégonflé26Jeff Kinney, Journal d’un dégonflé #1 : Carnet de bord de Greg Heffley, Seuil, 2009.. Le livre de Sherman Alexie, Le Premier qui pleure a perdu27Sherman Alexie, op. cit., qu’on pourrait rapprocher de ce dernier, raconte l’histoire d’un enfant qui fait partie d’une réserve d’Indiens mais qui se retrouve entre deux mondes. Quels thèmes aborde-t-il, finalement ?  L’immigration, le métissage, comment aller à l’école des blancs, etc., rien de nouveau sauf la forme et l’humour choisis, avec ce texte accompagné de dessins qui change l’appréhension du lecteur sur de tels sujets. Tout a été écrit et inventé. Mais il y a des formes dont nous, éditeurs, n’avions pas anticipé le retour ou la ré-exploitation d’une façon moderne avec l’utilisation d’internet, de Youtube, de followers… C’est un univers auquel nous devons nous habituer. Il est fascinant de voir qu’EnjoyPhoenix28Son blog : http://enjoyphoenix.fr/ / Sa chaîne Youtube : https://www.youtube.com/user/EnjoyPhoenix.Il s’agit de la chaîne Youtube de Marie Lopez, auteur d’#EnjoyMarie, op. cit. a un million et demi de followers. On ne peut pas l’ignorer en affirmant que ce n’est pas une forme noble. Après, chacun est en droit de publier ou d’aimer autre chose, mais nul éditeur ne peut occulter ces phénomènes qui ont agrippé les adolescents. Pourquoi, tout d’un coup, les jeunes, souhaitent-ils ce livre ? C’est quand même important d’essayer de comprendre, d’essayer de voir ce qu’on peut en faire.

SLG : Vous avez pris le pas puisque vous allez publier « Ce que je sais (enfin !) », de Carrie Hope Fletcher. Pourquoi vouloir aller dans cette veine-là, vous aussi, et comment l’avez-vous repéré ? Travaillez-vous avec des communautés de lecteurs, des réseaux sociaux ?

SC : Nous avons mis en place une communauté Facebook qui nous a paru évidente après l’énorme succès de Riordan chez Albin Michel. Il a fallu proposer d’autres choses aux lecteurs, comme des nouvelles inédites, les tenir au courant du tome suivant, de la nouvelle couverture, avoir leurs ressentis. Il fallait créer un espace dans lequel, eux-aussi, pouvaient se parler. Nous nous sommes aperçus qu’ils avaient besoin d’échanger beaucoup entre eux et qu’ils étaient très aguerris : ils découvrent parfois une couverture originale sans que nous-mêmes l’ayons encore vue ; ils vont chercher une couverture allemande ou finlandaise puis la postent en en faisant un sujet de discussion. Aujourd’hui, nous n’avons pas de panel de lecteurs. Nous essayons de voir les réactions des enfants et des adolescents autour de nous. Ils connaissaient tous #EnjoyMarie quand nous commencions à le découvrir. Les adolescents communiquent entre eux, à travers leur propre communauté, leurs propres secrets, avec leur propre façon de discuter. Je ne pense pas que ce soit un phénomène dont il faille faire l’économie. Il faut le comprendre. Carrie Hope Fletcher, que nous allons publier, m’a intéressée parce que c’est une figure très douce de grande sœur, sans être donneuse de leçons. C’est une donneuse de conseils qui s’appuie sur sa propre expérience de harcèlement à l’école, par exemple. Son propos est enrichi par sa personnalité car c’est une jeune fille qui a été très vite jetée sur les scènes des comédies musicales, qui a fait partie des Misérables29Carrie Hope Fletcher incarne Eponine dans le spectacle des Misérables, qui se joue actuellement à Londres au Queen’s Theatre., l’immense succès en Angleterre. Elle m’a plu pour cette fraicheur de ton et ce qu’elle apporte en plus par rapport à #EnjoyMarie, par son expérience d’enfant de la balle, qui l’a baignée assez vite dans un monde professionnel où une enfant rencontrait des adultes et qui, à cause de cela, était en porte à faux quand elle retournait à l’école avec des enfants de son âge. Elle a su garder sa « fraicheur » même si le mot est détestable et parfois hypocrite, sa sincérité de ton qui m’a touchée. Je me suis dit que j’aurais aimé pouvoir lire ce livre à treize ans. C’est ce qui m’a motivée en tant qu’éditrice, sans aucun autre calcul. Evidemment, nous espérons qu’il va marcher, bien sûr ! Nous visons le plus de lectrices possible pour qu’elles découvrent peut-être une autre façon d’écrire cet optimisme, cette sincérité. Il me semble que Marie Lopez et Carrie Hope Fletcher se ressemblent. Si elles ont tant de fans, c’est qu’elles dégagent  une authenticité perçue par les  adolescents. Cela incite à mener une réflexion. Les univers – de dystopie ou de fantasy où l’organisation narrative est au cordeau – que nous avons proposés étaient systématiquement si bien fabriqués, si bien huilés, si bien mis en place narrativement qu’on peut se demander tout simplement si les adolescents n’avaient pas envie que quelqu’un leur parle d’eux franchement. Je pense qu’il y a de la place, ou qu’il faut en faire, pour les deux. Il y a également une fragilité, probablement, dont nous n’avons pas conscience. Les adolescents peuvent avoir tous les outils pour communiquer sans pour autant savoir dire ce qu’ils ressentent. Le succès de ces jeunes filles vient peut-être de cette fragilité : quelqu’un leur parle non pas du virtuel mais de choses qu’ils éprouvent, au sens littéral du terme, chaque jour. Ils ne s’ouvrent pas au monde des adultes qui les entoure, j’en suis convaincue.

SLG : Etait-ce le rôle du Wiz Club par exemple, de donner un espace au ressenti des lecteurs ?

SC : La communauté Riordan est celle qui a le plus de répondant. Nous élaborons des stratégies différentes selon les livres. Nous avons beaucoup travaillé sur la très belle couverture de Conversion, qui a suscité des commentaires et qui a attiré les lecteurs qui se sont mis peu à peu à parler du livre. Comme les communautés sont très différentes, il ne faut pas enfermer les unes avec les autres ; nous essayons de les faire communiquer. Le terme de « communauté » me plait, comme arriver à les faire se mélanger ou à les faire échanger sur ce qu’elles aiment le plus. Je suis frappée par l’aisance avec laquelle certains parlent à travers une vidéo Youtube. Quand on lance un trailer pour annoncer un livre, les commentaires sont immédiats. Tout à coup, cela libère une parole. Les adolescents ne parlent pas d’eux-mêmes. Cependant, mon hypothèse est qu’à travers un objet, ils arrivent à trouver des points communs qui les mèneront peut-être, dans un monde privé, à discuter d’autres choses.

SLG : Qui, chez Albin Michel,  gère l’animation de la communauté entre l’édito, les services marketing et la communication ?

SC : Une des deux attachées de presse s’est occupée du volet web en collaboration avec les services techniques d’Albin Michel et les services adultes. Nous essayons d’être aussi autonomes que possible mais nous échangeons. Le webmaster du service adultes nous guide, nous sollicite, nous réfléchissons puis nous trouvons des idées pour entretenir cette communauté. Les propositions viennent de l’édito, l’apport technique, d’autres services : j’avoue que ma compétence d’éditrice, même si je m’informe, ne me permet pas de savoir exactement comment travailler avec une communauté.

SLG : Avez-vous l’impression que votre métier change avec cette nouvelle donne ?

SC : Oui, il change. Nous sommes obligés d’en tenir compte. Comment lancer la nouvelle série de Riordan ? Il est important de trouver des idées de promotion et de mise en avant avec les services concernés, avec lesquels nous sommes de plus en plus en interaction. Le temps de l’éditeur dans son bureau qui lit un manuscrit, le trouve génial et décide de le publier, est révolu. Désormais, nous travaillons tous ensemble édito, marketing, publicité, communication, direction éditoriale et nous fédérons sur un projet pour le lancer avec le plus de précision possible. Le métier a changé par rapport au moment où j’ai commencé, il y a une vingtaine d’années. Déjà,  des services marketing existaient, mais  le perfectionnement, la précision obligatoire n’étaient pas si présentes. Peut-être pouvait-on se dire plus à l’époque qu’un texte super trouverait son public si l’on faisait ce qu’il faut pour. Les paramètres à prendre en compte sont beaucoup plus nombreux aujourd’hui, avec le web, la publicité institutionnelle, les libraires. Il faut faire marcher tout cet ensemble même si cela n’empêche pas aussi que des choses très simples, comme s’adresser aux librairies, restent prioritaires. Il peut m’arriver, de temps en temps, pour un texte particulier, de leur écrire une lettre envoyée avec des épreuves. Il est impossible désormais de lancer un livre et de le laisser dans la nature en allumant des cierges. C’est fini !

SLG : Oui, il ne suffit pas qu’un texte soit bon pour qu’il trouve son lectorat…

SC : Comme les éditeurs sont très nombreux, les livres restent beaucoup moins longtemps sur les tables. Je ne crois pas que les libraires aient le temps de lire tout ce qu’on leur envoie. Il faut leur signaler quand un livre est un point d’orgue, ce sont des partenaires indispensables. C’est ce que nous avons fait pour Conversion pour lequel ils ont répondu.

SLG : Les adolescents leaders d’opinion, les bloggeurs, font-ils partie de ceux que vous suivez ou à qui vous envoyez des épreuves ou des services de presse, pour bénéficier de leurs critiques ?

SC : Oui, c’est notre attachée de presse qui s’en occupe. Elle a une liste de bloggeurs et de bloggeuses avec lesquels elle travaille tout au long de l’année. Elle affine et répartit les envois suivant le sujet, le livre. Elle travaille son fichier de bloggeuses comme un fichier de presse.

SLG : Voyez-vous le déclin de la dystopie ? Quelles tendances selon vous, se dessinent ?

SC : Lors de la dernière foire de Bologne 2015, j’ai été marquée par la baisse du nombre de projets dystopiques. Peut-être l’univers et la thématique sont-ils moins riches que la magie ? Peut-être que le sujet s’épuise un peu après avoir fait le tour de toutes les catastrophes possibles et imaginables et qu’il faut, dans ce cas, une écriture qui transcende l’univers. Nous l’avons trouvée avec Dan Wells, qui est quasiment le seul projet dystopique que j’ai publié, parce que littérairement, la vague Hunger Games– Divergente, ne me semblait pas tenir la route. J’ai également constaté un retour de la fantasy avec des termes beaucoup plus précis. On y trouve des univers dans la lignée de Games of Thrones, donc plutôt de l’héroic fantasy, mais là-encore, inspirée par une série TV30Games of Thrones, série créée pour HBO par David Benioff et D. B. Weiss. Avant d’être une série télévisée, Games of Thrones est une série de livres : George R. R. Martin, Le Trône de fer, Pygmalion, 1998-en cours. Les livres sont également disponibles sous formes d’intégrales aux éditions J’ai Lu (Ndlr).. (Nous revenons à la nécessaire diversification du métier d’éditeur : si l’on vous présente quatre projets s’affiliant à Games of Thrones pendant une foire mais que vous ne savez absolument pas de quoi il s’agit, c’est un problème !). D’autres sont pour les plus jeunes, ce que nous appelons le middle grade, et des propositions visent les plus petits encore. En ce qui concerne les enfants, et donc la collection Witty, j’ai vu beaucoup de textes d’humour illustrés et une forme de réveil du marché anglo-saxon. Je vous dresse un constat global, dans les grands traits, parce qu’il y a forcément des contre-exemples. On dénombre beaucoup de romans réalistes, très en prise avec l’actualité, du côté des Américains. Il y avait aussi des romans sur la question du genre, de l’homosexualité, et d’autres parfois très durs, tandis qu’on constate le déclin des séries. Mais il faut toujours aller à deux foires pour confirmer des tendances. Il faut aussi attendre ce qui se présentera à l’automne, à celle de Francfort. Même si tout cela est très intéressant à suivre, je pense qu’il faut aussi se laisser guider par son intuition et ce en quoi on croit. Les foires sont très intéressantes mais le danger n’est-il pas de faire le livre de trop sur la dystopie, celui qui sera une pâle version d’un énième Hunger Games ?  Je m’y refuse. Partials31Dan Wells, Partials #1, Albin Michel, Wiz, 2013., la trilogie de dystopie très sophistiquée de Dan Wells32C’est l’auteur de Je ne suis pas un Serial Killer, chez Sonatine (mention de S. Cassim). est très dense ; les lecteurs ont beaucoup vanté la complexité de l’univers. Il y avait une vraie proposition éditoriale, avec un univers riche et pas une simple reproduction de ce qui aurait pu marcher. Il s’agit d’un gouvernement mis en place après la dévastation du monde par une guerre entre l’Amérique et la Chine. Un petit nombre de réfugiés vit sur Ellis Island, sous la coupe d’un gouvernement autoritaire qui joue sur la peur, l’isolement, le danger de l’autre, ce qui nous rappelle quand même un certain nombre de faits… Ce n’est pas un manifeste mais une vraie histoire, avec une narration, des personnages, de l’action, des rebondissements, mais également une exploration politique, qui lui donne ce petit quelque chose en plus.

SLG : Une réflexion et une analyse d’une situation politique actuelle…

SC : Et un univers sophistiqué, puisqu’après cette guerre, des êtres mi-humains, les Partials, sont créés. La population humaine est décimée par un virus. Ce sont finalement les Autres, les étrangers, qui tiennent dans leur sang l’antidote contre ce virus. Nos problématiques sont posées, avec un univers d’une grande richesse et un écho contemporain particulièrement fort. Mais c’est la seule trilogie de dystopie que j’ai publiée, en revanche, et qui est typiquement un projet Wiz.

SLG : Avec cette grande réflexion menée sur Wiz et le hors collection, le lancement de Litt’, et les tendances que vous venez d’évoquer, cela fait une rentrée bien chargée.

SC : Toutes ces questions se reposent à chaque livre, à chaque projet. Peut-être est-ce celui-là, le changement dans le monde éditorial de la littérature de jeunesse : chaque projet suscite des questions à chaque fois différentes.

SLG : Et de nouvelles expérimentations éditoriales…

SC : Il n’y a plus rien de gravé dans le marbre, et tant mieux, peut-être, parce que le grand vent de l’aventure souffle sur nous.

SLG : Ce sera le mot de la fin !

PROPOS RECUEILLIS ET MIS EN FORME PAR SONIA DE LEUSSE-LE-GUILLOU, DIRECTRICE DE LECTURE JEUNESSE, EN JUILLET 2015.

Shaïne Cassim

Shaïne Cassim est née en 1966 à Madagascar. Elle vit en France depuis 1973. Longtemps traductrice, elle dirige la collection Wiz chez Albin Michel jeunesse depuis 2006. Elle est l’auteur d’une dizaine de romans de littérature jeunesse, notamment à L’Ecole des Loisirs.

Références

  • 1
    Jonathan Stroud, Albin Michel, Wiz, 2003-2005.
  • 2
    Rick Riordan est l’auteur, entre autres, de Percy Jackson (5 tomes) et de Héros de l’Olympe (5 tomes). Ces deux séries ont été publiées chez Albin Michel, dans la collection Wiz.
  • 3
    Meg Rosoff, Maintenant c’est ma vie, Albin Michel, Wiz, 2006.
  • 4
    Sherman Alexie, Le Premier qui pleure a perdu, Albin Michel, Wiz, 2008.
  • 5
     Jenny Han, L’Eté où je suis devenue jolie, Albin Michel, Wiz, 2010.
  • 6
    Jennifer Brown, Hate List, Albin Michel, Wiz, 2012.
  • 7
    Marion Jablonski est directrice du département jeunesse chez Albin Michel.
  • 8
    2015.
  • 9
    Auteur de La Trilogie de Bartiméus, op. cit.
  • 10
    Neil Gaiman, Coraline, Albin Michel, Wiz, 2003.
  • 11
    Neil Gaiman, L’Etrange vie de Nobody Owens, Albin Michel, Wiz, 2009.
  • 12
    Neil Gaiman et Chris Riddell, La Belle et le Fuseau, Albin Michel, Jeunesse. A paraître le 30 sept. 2015.
  • 13
    On y voit la princesse et la reine s’embrasser.
  • 14
    Alice Kuipers, Ne t’en fais pas pour moi, Albin Michel, Jeunesse, 2008.
  • 15
    Jennifer Brown, Tornade, Albin Michel, Wiz, 2015.
  • 16
    Suzanne Collins, PKJ, 2009-2011.
  • 17
    Il s’agit de Karine Van Wormhoudt, directrice de la collection Litt’, lancée en septembre 2015. Retrouvez l’entretien de K. Van Wormhoudt,  avec S. de Leusse-Le Guillou sur le site de Lecture Jeunesse (mise en ligne le …).
  • 18
    Stephenie Meyer, Hachette, Black Moon, 2005-2008.
  • 19
    Suzanne Collins, op. cit.
  • 20
    Veronica Roth, Divergente, Nathan, 2011-2014.
  • 21
    John Green, op. cit.
  • 22
    Jennifer Brown, op. cit.
  • 23
    Jenny Han, op. cit.
  • 24
    , Anne Carrière, 2015. Voir la chronique sur le livre dans le n°154 de Lecture Jeune.
  • 25
    Sue Townsend, Le Journal secret d’Adrien, 13 ans ¾, Stock, 1984.
  • 26
    Jeff Kinney, Journal d’un dégonflé #1 : Carnet de bord de Greg Heffley, Seuil, 2009.
  • 27
    Sherman Alexie, op. cit.
  • 28
    Son blog : http://enjoyphoenix.fr/ / Sa chaîne Youtube : https://www.youtube.com/user/EnjoyPhoenix.Il s’agit de la chaîne Youtube de Marie Lopez, auteur d’#EnjoyMarie, op. cit.
  • 29
    Carrie Hope Fletcher incarne Eponine dans le spectacle des Misérables, qui se joue actuellement à Londres au Queen’s Theatre.
  • 30
    Games of Thrones, série créée pour HBO par David Benioff et D. B. Weiss. Avant d’être une série télévisée, Games of Thrones est une série de livres : George R. R. Martin, Le Trône de fer, Pygmalion, 1998-en cours. Les livres sont également disponibles sous formes d’intégrales aux éditions J’ai Lu (Ndlr).
  • 31
    Dan Wells, Partials #1, Albin Michel, Wiz, 2013.
  • 32
    C’est l’auteur de Je ne suis pas un Serial Killer, chez Sonatine (mention de S. Cassim).