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Animer une chaîne Booktube

Margaud et Audrey expliquent comment elles conçoivent les vidéos qu’elles publient sur leurs chaînes YouTube par rapport aux critiques écrites de leurs blogs. Elles abordent le choix de lancer une chaîne, le ton de leurs vidéos, leur rapport à la critique mais aussi l’épineuse question de la rémunération, qui divise les Booktubers.

SLG : Vous êtes Booktubeuse et professionnelle. Où travaillez-vous ?

Margaud liseuse : Je vis en Suisse dans la petite ville de Fribourg. J’ai travaillé pendant 4 mois à la Fnac et je suis actuellement en télétravail pour Glose, une libraire sur le Web, dont les bureaux sont à Paris. Je propose des recommandations par vidéo, par chat, ainsi que des coups de cœur et des articles pour conseiller les gens directement en ligne.

SLG : C’est un nouveau concept de librairie online ?

ML : Oui, nous avons ouvert mi-mars. Il existait déjà une partie anglophone depuis quelques années, qui s’est lancée dans la version française. Elle avait besoin d’être adaptée car la situation du livre en France n’est pas celle des Etats-Unis. Nous sommes une petite équipe de 9 personnes à travailler sur le site. La plateforme inclut un réseau social autour du livre, des interactions avec les autres lecteurs ; on peut partager des citations, les annoter. L’avantage de l’application et du site réside vraiment dans le partage de la lecture. Pour l’instant je suis la seule libraire 2.0, mais je pense que lorsque le site se développera, nous serons plusieurs par secteur, comme on le voit dans des grandes chaines. Actuellement, je teste. Il s’agit de montrer que derrière un site internet et une librairie en ligne, on peut avoir le côté humain, quelqu’un qui est vraiment là pour nous répondre, et non pas une machine qui vous dit « si vous avez aimé, vous lirez ça » !

SLG : Devez-vous votre nouvelle activité professionnelle à votre chaîne de Booktubing ? 

ML : Oui, Glose m’a repérée sur ma chaîne il y a un an environ, mais je suis libraire depuis 2007, donc j’ai quand même tout un bagage derrière moi.

SLG : Vos deux activités vont-elles se rejoindre ou tenez-vous à les distinguer ?

ML : Je tiens à rester Margaud Liseuse d’un côté, et Margaud la libraire, de l’autre. Si l’on me demande de tourner des vidéos pour la librairie, je le ferai, mais ce sera pour le compte de la librairie et pas le mien, d’un commun accord.

SLG : Audrey, vous êtes étudiante. Savez-vous où vous souhaitez travailler à la fin de vos études ?

Audrey : Oui, chez Sarbacane (rires), dans ma maison d’édition préférée. Elle ne tombe jamais dans le cliché. Cela fait presque trois ans que je suis leur partenaire, trois ans de surprise ! Plus sérieusement, je ne sais pas encore vers quoi je m’orienterai…

SLG : Vous aviez un blog. Pourquoi avez-vous eu envie de lancer une chaîne Youtube ?

A : J’ai créé ma chaine environ trois mois après le blog mais je n’y ai pas tout de suite posté de vidéos parce que je n’en avais pas encore parlé à mes parents, qui ont fini par accepter. Elle a vraiment commencé à être active 6 mois à 1 an après mon blog, en 2013. J’avais vu des vidéos des premiers Booktubers, à l’époque, nous étions peu nombreux, et j’avais envie de m’exprimer, de donner mon avis à voix haute. Les vidéos sont beaucoup plus spontanées qu’un article de blog où je vais me relire, me corriger, faire attention à ce que je vais dire, aussi. Tandis que les gens vont apprécier le côté naturel de la vidéo. Et comme j’adore parler, ça m’arrangeait bien !

SLG : Vous annoncez dans certaines vidéos que vous allez poster une chronique écrite. Pourquoi avoir malgré tout gardé votre blog ?

A : Mon principe, à l‘origine, était de tout faire dans le blog, des tags, des rendez-vous etc., finalement, j’ai commencé avec ma chaîne à pouvoir développer des choses plus intéressantes et décidé que mon blog ne serait plus que pour les chroniques. Comme nous sommes partenaires d’éditeurs, ils attendent notre chronique, que je poste sur mon blog de critique littéraire, qui s’y consacre désormais exclusivement. Ma chaîne est dédiée à un contenu beaucoup plus amusant, avec des vidéos plus variées.

SLG : Comment votre chaine se distingue-t-elle ?

A : J’essaie de proposer des vidéos différentes de celles des autres. Par exemple, avec un autre Youtuber, Nathan, nous avons créé « les tribulations de Nath/Audrey », ce que les spectateurs adorent. Moi-même, je m’amuse beaucoup en les tournant. Elles permettent d’avoir des idées, de soulever des questions que les gens ne vont pas forcément se poser à propos de livres, de donner envie de lire des livres auxquels ils n’auraient pas pensé et de toucher plus de monde aussi.

SLG : Margaud, quelle serait la ligne éditoriale de votre chaîne ?

ML : Elle n’en a pas. Je poste des vidéos au feeling, au coup de cœur, selon la couverture du livre ou l’auteur, qu’importe. Je ne parle pas vraiment d’actualité parce qu’elle n’a pas vraiment d’importance pour moi, même si je sais, en tant que libraire, bien sûr, qu’elle existe. Je lis, comme je le sens, du policier comme de la jeunesse ou du Young Adult. Je choisis mes livres au feeling, selon mon humeur du moment.

SLG : Avez-vous des genres de prédilection, Audrey ?

A : Le livre de jeunesse, le Young Adult, mais pas le New Adult. J’ai l’impression de m’identifier vraiment au personnage. Je préfère largement le Salon de Montreuil au Salon du Livre de Paris pour sa mentalité, les personnes qu’on croise. Je ne ressens pas la même passion chez les professionnels.

SLG : Comment choisissez-vous les titres que vous lisez ?

A : Ma chaîne est sortie au moment où j’ai commencé vraiment à lire. Avant, je suivais les conseils de mes amies proches, et ça s’arrêtait là. Maintenant,…

Retrouvez l’intégralité de l’article dans notre n°158 sur les booktubers