Créé en 2005, le Prix Imaginales des lycéens (PIL), accompagné depuis l’édition 2009 par le Prix Imaginales des collégiens (PIC), est organisé dans le cadre des Imaginales, festival des mondes imaginaires d’Épinal. L’atout majeur des Prix est de répondre aux exigences de l’Éducation nationale tout en jouant, sans aucune réticence, la carte de la lecture plaisir. Ces prix, décernés par les jeunes eux-mêmes, s’inscrivent dans la continuité du Prix Imaginales, décerné à des œuvres marquantes de fantasy par un jury de spécialistes réputés. Il rend compte par ailleurs de l’engouement des adolescents pour les littératures de l’imaginaire, souvent délaissées par les prescripteurs.

Pierre Bottero nous a reçues chez lui, dans la petite ville de Pelissanne. Nous avons d’abord évoqué son parcours d’écrivain, ses références et sa position par rapport à un lectorat toujours plus nombreux et passionné par son univers. Une journée riche qui nous a permis de mieux cerner cet auteur qui se distingue par sa simplicité et sa franchise.

Le cycle d’Ewilan et Le Pacte des Marchombres ont séduit un large lectorat d’adolescents. Un véritable phénomène dans l’édition jeunesse. Et le succès se prolonge sur Internet où les jeunes partagent, leur engouement pour l’œuvre de Pierre Bottero par le biais de forums, de blogs ou de fanfictions. Lecture Jeune a contacté quelques-uns de ces lecteurs, des plus modérés – Angelina et Émilie, lors d’une rencontre avec l’auteur organisée à la bibliothèque de Juvisy-sur-Orge – aux plus investis – un groupe de copains qui s’est constitué autour d’un forum consacré aux Marchombres et à l’univers de Gwendalavir. Angelina et Émilie sont amies et vont dans le même collège à Juvisy-sur-Orge ; elles évoquent une amie commune, Laura, absente ce jour-là. Hind, Julia, Mylène, Laure, Simon et Lucas ont fait connaissance via le forum « La Voie des Marchombres » sur Internet et se rencontrent régulièrement depuis un an, lors des salons, des dédicaces, etc. Lorsqu’ils arrivent dans nos bureaux, ils viennent de passer des vacances ensemble et s’interpellent par leurs pseudos.

Le titre du premier tome de La Quête d’Ewilan résume l’acte fondateur de l’œuvre de Pierre Bottero. Au moment d’être renversée par un camion, une adolescente, Camille, bascule dans un autre monde où elle vivra une aventure qui la révélera à elle-même. Mondes parallèles, passages entre les univers (par le « pas de côté »), concrétisation des réalisations imaginaires (« art du dessin »), relativité des réalités : toute une thématique de la circulation ontologique se déploie dans l’œuvre de Bottero. Les choses ne sont pas celles que l’on croit être, il existe des arrières mondes où de nouvelles virtualités peuvent émerger. Sommes-nous donc en présence d’une littérature fantastique, d’une littérature imaginaire, d’une œuvre d’heroic fantasy ? Classer cette œuvre au sein d’une typologie fixée n’a pas grand sens. Prenons cette œuvre en dehors de toute catégorie préétablie et essayons de déterminer ce qui en fait son originalité.

Trois trilogies publiées entre 2003 et 2008 – La Quête d’Ewilan, Les Mondes d’Ewilan, Le Pacte des Marchombres – ont imposé Pierre Bottero comme écrivain français de fantasy pour la jeunesse. Est-ce à dire qu’il a su créer une fantasy typiquement française loin des grands modèles anglais et américains ?

Pierre Bottero a souhaité inviter dans ces pages Erik L’Homme, auteur, et Gilles Francescano, illustrateur. Il partage avec le premier une vision commune du statut d’écrivain et un profond respect pour son lectorat. Avec le second, il finalise un projet d’envergure : un roman graphique à paraître dans le courant de l’année 2010 aux éditions Rageot dont nous reproduisons ici quelques illustrations.