Au pays des ombres

Fils d’un fossoyeur, le petit Antoine rejoint tous les jours au cimetière son frère, simple d’esprit et défunt, pour jouer avec lui. A l’école, où il passe pour un mythomane, Claire croit à son histoire et l’accompagne parmi les tombes pour rencontrer Vincent. Non seulement celui-ci a disparu mais Antoine est obligé de fuir dans le monde des morts pour échapper à une terrifiante créature qui vient de foudroyer son amie. Le jeune garçon – comme le lecteur – n’est pas au bout de ses surprises : Satan lui révèle que Vincent a été enlevé car il détient un secret redoutable. Il connaît les passages qui mènent au Pays des ombres. Si les morts-vivants ont le vent en poupe dans les séries, ceux de cette bande dessinée très originale surprendront à coup sûr les lecteurs. Le thème du deuil est habilement traité à travers la touchante relation entre deux frères. Loin de tout pathos, c’est l’humour qui caractérise l’intrigue, les situations rocambolesques et les dessins toujours très pertinents. Rebondissements et cadrages inattendus, blagues de potache ou personnages truculents se succèdent. Satan est un petit diablotin cocasse et court sur pattes, tandis qu’un digne grand-oncle de Vincent se révèle son ravisseur. L’imaginaire foisonnant des auteurs puise tour à tour dans l’horreur, le Grand-Guignol ou le cinéma, du western à Brazil. Le vertigineux dédale de couloirs et d’escaliers qui relie les deux mondes tient autant de Piranèse ou d’Escher dans la forme que de Ionesco sur le fond. Les dessins de cette excellente bande dessinée au scénario sans faille savent marier avec brio la cocasserie à l’émotion.

Tous les coups de ♥ 2013